Au seuil d’une autre terre
Au seuil d’une autre terre donne l’occasion de célébrer quarante ans de poésie. Avec la lucidité qui caractérise son œuvre, l’auteur s’interroge sur notre lien à la terre. Il interroge le « moi-toi-nous », avec une conscience de la paternité ou de la pérennité. S’adressant à un lecteur futur, qui se confrontera lui aussi à la douleur terrestre, le poète veut lui faire comprendre que malgré les destructions, les guerres, les haines, le poème porte au-delà l’amour d’une vie lucide, continuée envers et contre tout. L’humain, s’il est avalé par la machine, la production, le délire du paraître et de l’avoir, peut encore être sensible à la beauté. C’est là un espoir, une possibilité qui subsiste et que le poème accomplit. Le dernier poème n’a pas encore été écrit. L’offrande dévastée adresse encore aux vivants des poèmes qui sont, eux aussi, «des fruits de la terre».
Tous ces poèmes légués d’âge en âge,ce miel en quoi fut distillée la langue des peuples,laisse-les parler – que leur parolecoule dans la tienne, fût-elle offrande dévastée.
Artiste
Chan Ki-Yut
DANS LA PRESSE
«Le poète proteste, mais il ouvre surtout une aire où l'humain contemple le désastre comme la beauté ultime des choses. […] Bien sûr, la poésie de Chamberland reprend la quête du “Toi énigmatique, pluriel, fraternellement proche et respectueusement loin, au référent flottant, indéterminé”. L'adresse paradoxale invite alors à un acte de foi et d'espérance, qui inclut, comme son risque, sa part de désespoir.»David Cantin, Le Devoir, 2003