2006

$18.95

ISBN : 978-2-89018-591-3

Affûts, précédé de Rue de nuit

Guy Cloutier

Bien que cinq ans séparent ces deux publications, leur parenté est indéniable: la voix poursuit la quête du nom. Rue de nuit, ainsi que le suggère Paul Chamberland, « se donne à lire comme une suite fortement liée en tous ses moments: la voix qu’on y entend reprend inlassablement la même question. Qui suis-je en ce monde où je me disperse et me perds… » On peut lire ce livre comme un seul poème en fragments. Ce ton de familiarité distancié, nous le poursuivons dans Affûts, où se conjuguent encore lucidité, amitié et amour du passant pour le monde. Cette fois l’enfant reprend le filet de la voix et la mère se trouve être le noyau dur de ce mouvement vers l’origine et la mémoire. «Tu es né de l’appétence d’une mère» «tu es né de la nuit», écrit-il, scandant par ce retour à travers les blessures d’enfance, le désir de comprendre, de trouver vie malgré le non-sens.

Tu reviens à l’appel très ancien des eaux
t’élever parmi les feuilles qui te recouvrent
le matin y remue ces paysages
parmi le musc des bois gonflés
renonce à ce qui bruit dans l’instant trop bref
s’il ne recèle un son qui accueille le monde.
La rue te décline ou est-ce la mer qui t’appelle
à ton tour nomme-toi debout parmi les mâts nus
dans le sable fossile d’où surgit la lumière
tandis que s’ébroue la nuit faiblement troublée
par les plaintes des trains.
Voici que des mots d’étrangers sortent de toi
dis-moi qui j’ai dans la poitrine
à peine si je reconnais ma voix
quand elle profère ces mots tous ces mots
qui me dévastent d’être ravalés?
À mesure que tu t’avances la mer rend ses couleurs
et c’est alors qu’il monte d’elle un chant muet
que tu reconnais à ce qu’il t’enfle le cœur.

Artistes

Andrée Laliberté et Lucienne Cornet