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Adieu les crevettes
Charlotte Francoeur
À l’intérieur d’une petite boîte, trois avortons, trois disparues fantasmées, surnommées crevettes, vivotent. Non-mère de cette non-vie, la narratrice choisit le vide du ventre afin d’échapper au destin tragique de celles qui l’ont précédée. Car au bal des absentes, la mort rôde inlassablement. Recueil de deuil, de colère et de compassion, Adieu les crevettes est une reprise de pouvoir sur les rouages filiaux qui enchaînent, une ode à l’amour maternel et à la liberté de choix.
Je ne leur ai pas offert de mains
d’ongles, de cils ou de dents
je ne leur ai pas offert de seins
auxquels s’abreuverelles ne sauraient quoi en faire
j’ai toutes ces chances et mes jupes
disent plus que mes mots
ma voix prend la teinte jaunâtre
de mon rire
et mon rire
devient ma voixj’aurais aimé tout garder
tout, sauf leurs géniteurs
et ma peine
DANS LA PRESSE
Seule la poésie peut nous transporter aussi profondément dans l’intimité féminine sans devenir impudique, sans faire de nous des voyeurs embarrassés. Ce livre à cœur et à corps ouverts vibre et nous remue. Il se donne généreusement en partage. Impossible de ne pas l’accueillir avec ouverture et reconnaissance.
Mario Cloutier, La Presse (1 Avril 2023)
Comment faire le deuil de l’invisible? Là se pose la véritable question de Charlotte Francoeur. Le « ventre-néant » de cette non-mère appelle les mots pour remplir le gouffre creusé par la perte. Les avortements successifs se transforment ici en murmures fantomatiques et contaminent la vie de celle qui ne peut oublier. Et comment oublier, quand une partie de soi demeure entachée de honte et ne peut fuir par les voies de l’acceptation et du choix? C’est par l’écriture que revient la possibilité de donner corps à cette histoire sans visage et d’espérer enfin une délivrance
Alexandra Guimont, Lettres Québécoises (188)
Audacieuse proposition, courageuse même dans ce qu’il n’y a là aucun apitoiement, se tenant à la limite de la froideur. Le dessaisissement de la maternité y est entièrement assumé, abordé frontalement. En cela, ce livre est d’une indéniable force […].
Hugues Corriveau, Le Devoir (25 mars 2023)
« Adieu les crevettes », c’est le choix d’une femme qui a une lignée tragiquement écorchée d’interrompre une souffrance intergénérationnelle – qu’on ne nommera jamais vraiment dans le livre, mais dont on va décrire les contours et les déclinaisons. C’est comme un geste de libération de la fatalité d’un destin répété, d’une suite logique. C’est le choix de la poète de devenir non-mère.
Marjolaine Beauchamp, Il restera toujours de la culture, ICI Première (14 mars 2023)
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