Adieu les crevettes
Charlotte Francoeur
À l’intérieur d’une petite boîte, trois avortons, trois disparues fantasmées, surnommées crevettes, vivotent. Non-mère de cette non-vie, la narratrice choisit le vide du ventre afin d’échapper au destin tragique de celles qui l’ont précédée. Car au bal des absentes, la mort rôde inlassablement. Recueil de deuil, de colère et de compassion, Adieu les crevettes est une reprise de pouvoir sur les rouages filiaux qui enchaînent, une ode à l’amour maternel et à la liberté de choix.
Je ne leur ai pas offert de mains
d’ongles, de cils ou de dents
je ne leur ai pas offert de seins
auxquels s’abreuverelles ne sauraient quoi en faire
j’ai toutes ces chances et mes jupes
disent plus que mes mots
ma voix prend la teinte jaunâtre
de mon rire
et mon rire
devient ma voixj’aurais aimé tout garder
tout, sauf leurs géniteurs
et ma peine
DANS LA PRESSE
Seule la poésie peut nous transporter aussi profondément dans l’intimité féminine sans devenir impudique, sans faire de nous des voyeurs embarrassés. Ce livre à cœur et à corps ouverts vibre et nous remue. Il se donne généreusement en partage. Impossible de ne pas l’accueillir avec ouverture et reconnaissance.
Mario Cloutier, La presse (1 Avril 2023)