À l’ombre de ta voix
Beyrouth, Fukushima, les plaines de l’Arctique, les hautes forêts de l’Amérique du Nord, les endroits sablonneux ou rocheux où on saigne, où il n’y a que la foi et le courage qui rendent la vie supportable : ce sont les cadres de À l’ombre de ta voix. La voix est tout ; tout a une voix. Nous vivons toujours à l’ombre des voix, elles forment notre contexte humain. La voix du recueil change de page en page. C’est un recueil qui traverse le deuil, qui le tire de son angoisse pour rétablir la certitude de la naissance et de la mort, pour ouvrir le coeur à la lumière des bougies de veille lointaines. La voix de la planète ébranle le corps, celle des mourants en Syrie fait chanceler le coeur ; les voix des sans-équilibres brisent nos conceptions de la conscience. Mais c’est la présence féminine, comme motif unificateur, qui neutralise le désespoir et met la vie dans son propre contexte comme expression tellurique et espoir sidéral.
l’ombre de ta voix glisse sur moiles syllabes détachées la mélodie déjà partieil n’y a pas de lumière pas de bruitnous continuerons comme avanttoi toujours au seuil du désastremoi toujours aux prises avec une mélodiequi ne cessera jamaisviens avec moiôte ton masque de mourante.
Artiste
Andrea Moorhead